La CGT
Sophie Binet, secrétaire nationale de la CGT, accueille à Montreuil 63 étudiants du CIFFOP et souligne l’importance du syndicalisme dans l’enseignement supérieur, mettant en avant le passage d’un dialogue social vers une démocratie sociale, qui prend en compte les intérêts divergents entre employeurs et salariés. En insistant sur la nécessité d’utiliser le terme « acteurs sociaux » plutôt que « partenaires sociaux », on favorise ainsi la confrontation des opinions et la recherche de compromis sur des enjeux communs. (Cela rappelle l’importance du registre des mots dans l’univers des relations sociales qui a été exprimé durant le cours de médiation).
Le syndicalisme est important pour les responsables des ressources humaines à titre personnel, car il offre un soutien aux cadres et aux professionnels intermédiaires, et par la syndicalisation, les directeurs des ressources humaines (DRH) peuvent aussi être aidés à gérer les dilemmes éthiques et les pressions professionnelles. (Nous pouvons également souligner la force du CIFFOP et du réseau des alumni pour soutenir ce réel besoin des professionnels de la fonction RH).
La question du management, souligne la nécessité d’une approche collective et éthique, en critiquant les orientations purement financières qui dictent de plus en plus les directives de l’entreprise, mettant en avant l’importance pour les cadres et les managers d’avoir une marge de manœuvre pour imprimer leur éthique professionnelle.
Les étudiants ont soulevé différentes questions, par exemple la question du “pouvoir sur le travail” et les “reproches faits aux syndicats pour leur manque de cohérence politique”. Sophie Binet clarifie la différence entre les rôles des syndicats et des partis politiques, soulignant l’importance des syndicats dans la défense des droits des travailleurs et leur lutte pour une démocratie sociale plus équilibrée.
Elle évoque ensuite la nécessité d’une participation des travailleurs aux décisions des entreprises, mettant en avant des exemples de luttes syndicales réussies pour préserver les emplois et l’environnement comme à Gardanne centrale à charbon inventant une reconversion grâce aux salariés. (Le modèle allemand et la participation au conseil d’administration ont été également évoqués durant le cours sur les relations sociales en Europe.)
Sophie Binet critique également le manque de couverture médiatique sur les questions de travail et souligne le besoin de réformer les normes comptables pour prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux des entreprises.
En conclusion, elle appelle à un pouvoir par le bas, où chaque individu a les moyens d’agir, et met en avant l’optimisme malgré les défis actuels, soulignant le potentiel des travailleurs et des savoir-faire pour changer les choses. En ce sens elle n’est pas très éloignée des conceptions du leadership spirituel exposé durant le cours de leadership, et qui évoque l’horizontalité des rapports sociaux tout en incluant une verticalité plus intérieure, résultat d’un alignement tête cœur corps âme esprit.
Mathias Perez, Membre du comité exécutif de la CGT, évoque ensuite les différentes valeurs de ce syndicat en montrant combien elles sont des valeurs classiques car héritées des mouvements émancipateurs, de l’humanisme, des Lumières et de la tradition républicaine. Ces valeurs comprennent 1) la liberté, comprise comme la capacité à faire des choix et à maîtriser sa propre vie dans un contexte collectif, ainsi que le partage des richesses. 2) L’égalité est également une valeur centrale, impliquant la lutte contre toutes les formes de discrimination et l’antiracisme. 3) La justice sociale est une autre valeur fondamentale, impliquant la mobilisation contre l’arbitraire et la recherche d’équité. 4) La laïcité et la rationalité sont des valeurs qui motivent le désir de transformation sociale, en garantissant l’indépendance vis-à-vis des pouvoirs religieux et politiques. 5) La fraternité (et la sororité) est également soulignée, qui renforce les traditions de solidarité et l’importance de fonctionner ensemble.
Ces valeurs se manifestent dans les pratiques syndicales, notamment à travers la démocratie de proximité, qui permet aux travailleurs de reprendre en main leur travail et leurs décisions sur le lieu de travail, dans l’intérêt général et avec des revendications de portée générale.
La CFDT
Isabelle Mercier, secrétaire nationale et membre de la commission exécutive confédérale de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) ainsi que Marie Bretonnière, Déléguée jeunes accueillent les étudiants du CIFFOP promotion 2024 le 1er février.
Isabelle Mercier évoque les valeurs et le fonctionnement de la CFDT :
1)La solidarité guide les pratiques syndicales, favorisant l’entraide entre les membres.
2) L’émancipation vise à donner du pouvoir d’agir aux individus, notamment dans le cadre professionnel.
3) La démocratie est un principe central, avec une organisation structurée selon des principes démocratiques participatifs.
4) L’indépendance politique et religieuse est affirmée, visant à représenter les intérêts des travailleurs indépendamment des affiliations politiques ou religieuses.
5) L’autonomie financière est recherchée pour éviter toute dépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
La CFDT s’engage sur de nombreuses questions sociales telles que l’égalité professionnelle, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, la rémunération, et les droits des familles monoparentales. Elle lutte activement contre toutes les formes de discrimination, en particulier celles liées à l’origine, et elle fait la promotion de l’Europe, elle constitue un moteur de la confédération européenne des syndicats comme nous avons pu le voir dans le cours sur les relations sociales en Europe.
La qualité du dialogue social est au cœur de l’action syndicale, avec l’objectif de construire des compromis et des solutions équilibrées dans les entreprises. Elle décrit le système dans lequel s’inscrit le dialogue social qu’il s’agisse des instances représentatives du personnel, du dialogue dans la section syndicale, du dialogue avec les salariés et enfin du dialogue au sein de la structure CFDT.
Il est nécessaire de redonner de la place à la démocratie sociale, en permettant aux travailleurs de participer aux décisions qui les concernent et en assurant un dialogue ouvert et transparent entre les différents acteurs.
La CFDT est sensible aux défis sociaux et économiques complexes, tels que l’impact du réchauffement climatique, la transformation numérique et l’évolution des modes de travail.
Elle est engagée dans des négociations importantes pour améliorer les conditions de travail, l’emploi des seniors et l’attractivité des entreprises.
La CFDT est un syndicat qui se distingue par son approche réformiste, son engagement en faveur de valeurs démocratiques et solidaires, et sa volonté de construire des compromis pour répondre aux défis actuels du monde du travail. Isabelle Mercier insiste beaucoup sur l’ancrage dans le terrain permettant d’élaborer un diagnostic au plus près de la réalité du travail assorti d’expertise variée, de confrontation de perspectives permettant d’élaborer ce diagnostic servant de boussole à la négociation et à la recherche de compromis.
Travaux des étudiants
Nos étudiants sont chargés de travailler sur la question des valeurs des syndicats, 1) de la manière dont les valeurs déclarées sont interprétées sur le terrain, 2) de rapporter des histoires permettant d’exemplifier ces valeurs afin de les rendre plus incarnées, 3) de situer les valeurs par rapport à l’environnement social culturel environnemental 4) d’observer les niveaux de consistance ou d’inconsistance possible 5) de parvenir à déceler les rêves, les idéaux, les motivations intrinsèques qui sont poursuivis par les acteurs syndicaux grâce aux valeurs.
Pour cela ils utilisent un questionnaire d’autoévaluation adressé à chaque syndicaliste de leur choix permettant de croiser les valeurs personnelles des syndicalistes, leur perception des valeurs de leur syndicat, et ce qui leur paraît désirable en termes d’évolution de valeur pour leur syndicat. Ils procèdent également à une enquête qualitative par des entretiens individuels, et par une analyse sur la base de la mise en commun des entretiens réalisés.
Remerciements
Tous nos remerciements à Antoine Lopez, Sophie Binet, Mathias Perez, Lydie Nicol, Isabelle Mercier, Marie Bretonnière qui se sont investis dans cette rencontre avec les étudiants du CIFFOP